Bonny & Clyde

Pour le pire nous a habitués aux pires délires, notamment dans les couvertures de l'auteur, mais alors là, je n'avais pas du tout prévu qu'il irait aussi loin et nous emmènerait sur cette voie !

Avec tout l'art de la mise en scène burlesque et décalée qu'on lui connaît, Taro Nogizaka nous entraîne dans un vaudeville incroyable dans ce tome. Il fait preuve d'une science narrative folle en disposant ses pièces au fil des pages avec mystères, tramant son pied de nez sous nos yeux sans qu'on s'en rende compte avant la touche finale qui nous explose au visage. Incroyable !

J'ai adoré la façon dont il m'a retourné le tête, se creusant les méninges pour nous rendre Shinju toujours plus attachante malgré ce qu'elle a pu commettre. Il joue à fond sur notre corde sensible avec les révélations sur sa mère, sa soeur, son âge mais aussi son lien avec Arata qui s'est créé au fil de l'aventure. Tout cela se mélange dans nos têtes et on ne peut qu'avoir pitié d'elle malgré ses moments où la psychopathe en elle ressurgit et où elle nous fait flipper. C'est hyper ambigu et génial !

Tout le tome est ainsi tourné vers LE point de bascule de la série où tout semble converger, où tout semble enfin prendre sens, comme si on voyait enfin la trame générale, mais je parie que ce n'est encore qu'un effet d'optique et qu'on aura encore de belles surprises. J'ai adoré pour ma part celle que nous réserve ce tome et qui est si bien orchestrée telle un drame au théâtre en plusieurs actes. Cela rappelle ces grands films avec attentat ou casse hyper chiadé dont on suit l'organisation en X actes. J'adore ça ! Je me suis totalement laissée prendre par le plan imaginé par Shinju, je n'avais rien vu venir et je trouve ça génial de la voir jouer ainsi avec les failles du système pour se ménager un espace de liberté.

Maintenant la série a pris un tel tournant que je suis archi curieuse de voir comment elle va se remettre sur les rails, car je la vois mal quand même partir [spoiler] dans un road trip d'amoureux en fuite, fuyant la police dans tout le pays. Et je suis aussi hyper curieuse de l'évolution de Shinju [spoiler] hors des murs de la prison, avec son cher Arata qu'elle semble vouloir dévorer tout cru comme une mante religieuse. Mon dieu comme l'auteur a réussi à la rendre fascinante et inquiétante au point d'être hyper malaisante. A nouveau, j'adore ce mélange d'eroguro et de thriller qu'il a su concocter avec une touche très cinématographique et très américaine.