Rédemption ?

River tient debout grâce à son étoile de Marshal adjoint. Celle qui a donné à l’ancien esclave noir, libéré par le jeu (voir tome antérieur), un statut, un pouvoir, une raison d’avancer.

Dans ce tome, premier d’un diptyque, dont on a du mal il est vrai à trouver une suite logique par rapport aux précédents, il se trouve confronté à d’étranges Marshal, ayant le même titre que lui, le même patron qui a validé leur nomination. Reste qu’ils ont obtenu leur titre et leur nom dans des conditions pour le moins funeste et peu conventionnelle. Se pose alors la question, pour eux tous et pour le lecteur, de la rédemption. Entre un fantôme, qui provoque le ciel par ses actes, dans l’espoir d’une réponse qui ne vient pas, entre ces hommes, meurtriers, qui rachètent leurs fautes en prenant le nom de leurs victimes, il y a donc River Bass, dont on a toujours du mal à connaître réellement le moteur. Infanticide par respect de la loi, père et mari inconséquent qui ne connaît pas le prénom de ses propres enfants, qui est-il vraiment ?

Marshal Bass c’est l’Ouest connu ou sublimé des Westerns, dans les échanges de coups de feu, la rigueur et la loyauté de l’homme à l’étoile d’argent, et, ici, le méchant indien qui veut tuer tous les hommes blancs. C’est aussi, derrière cette image, toutes les lâchetés et les compromissions des hommes et du shérif, le rôle mineur des femmes, mères procréatrices ou objet de plaisir des mâles. L’image de cette prostituée qui tue un homme parce qu’il l’a demandé en mariage, afin de ne pas subir ce qu’elle considère comme un esclavage conjugal est, en ce sens, très forte.

River Bass parcourt l’Ouest sauvage, l’étoile de la loi à la poitrine, la violence intérieure prête à surgir. Les auteurs, au fil des tomes, proposent un western épique aux accents révolutionnaires.