Portrait d'une secte

Dernier tome concluant la première partie de la série symbolisée par ces couvertures en triangle, il fut aussi singulier que l’histoire qu’il raconte, déstabilisant et percutant à la fois.

Après plusieurs mois sans être revenue dans l’univers de la série, j’ai d’abord eu un peu de mal à y replonger car il faut dire que la narration (ou la traduction ?) de Tomoko Yamashita est assez particulière ici, de même que les histoires fantastiques plantées dans notre monde réel qu’elle nous conte. C’est sombre et à la fois apathique. Etrange.

Le tome s’ouvre par une série de chapitres indépendants mettant en scène tour à tour le duo Mikado-Hiyakawa, puis Erika et l’inspecteur Hanzawa. A chaque fois, on se retrouve dans de drôles de moments, de drôles d’affaires, rappelant les pouvoirs occultes ou le rapport à l’occultisme de chacun, mais c’est un espèce de statu quo qui se dégage et les histoires semblent un brin anecdotiques. Ainsi Mikado et Hiyakawa affronte un malédiction qui se propage d’un être à l’autre dans la rue pour observer d’un air et sourire bizarre la victime, ou encore les retrouve-t-on à une soirée rencontre pour découvrir le fantôme infiltré dans l’assistance. Quant à Hanzawa, il va aider une femme, fil de criminel, rongée par la culpabilité et il va aussi confronter Erika à ses crimes, ce qui va la bouleverser, elle qui croyait être anonyme.

Des chapitres courts et un peu anecdotiques. Mais ce n’est pas ce qui compte, car ce qui se dégage ici, c’est à la fois l’envie de l’autrice de nous parler des problèmes de sociabilisations d’Hiyakawa qu’elle va expliquer ensuite longuement et avec brio dans la seconde partie de ce tome, mais aussi de travailler la notion de foi et croyance, qui ouvre une brèche chez chacun pour les malédictions lancées par des gens comme Erika. L’autrice questionne aussi sur le rapport de notre société à la culpabilité, à la victime et au coupable. Elle le fait finement, sans manichéisme, avec de réelles réflexions sur l’intériorité de chacun et sans parti pris. C’est excellent !

Et c’est ce qui conduit à la dernière partie de ce volume, celle qui lui donne toute sa mesure : le récit de l’enfance d’Hiyakawa au sein d’une secte ! Hiyakawa est un personnage singulier depuis qu’on l’a rencontré et on pouvait croire que c’était juste une volonté de l’autrice ne reposant pas sur grand-chose d’autre qu’une copie des figures célèbres d’associaux comme Sherlock Holmes. En fait, pas du tout ! L’autrice révèle ici la source de ses troubles et c’est brillant ! Avec une froideur presque clinique, elle décortique le mécanisme d’enfermement vécu par un enfant qui aurait vécu dans une secte et connu uniquement cela. Entre privations, utilisations dévoyées de ses capacités et enfermement, comment aurait-il pu développer les mêmes capacités sociales que nous ? Je suis restée scotchée devant ces chapitres !

En bref

Nouveau chapitre de l’histoire, la révélation du passé et de l’identité d’Hiyakawa est menée brillamment pour le confronter à cette Erika qui continue à prendre tant de place par ses malédictions. Dans cet univers fantastique gore moderne, l’autrice fait passer des messages forts sur la formation des jeunes esprits, les sectes, les notions de croyances mais aussi de culpabilité et de victimisation. Juste brillant !

7
Positif

Des révélations puissantes sur Hiyakawa

Le portrait terrible d'une secte depuis l'intérieur

La force d'écriture de l'autrice sur les personnages

Un scénario qui évolue et s'affine enfin

Negatif

Un fantastique plus discret cette fois

Il faut s'accrocher pour suivre

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