Love investigation

Est-ce que Tom King n’est pas actuellement le meilleur scénariste en activité ? Y a-t-il réellement débat ? Il suffit de lire le premier chapitre de ce nouvel “Human Target” réalisé avec Greg Smallwood.

Nous découvrons Christopher Chance qui écrit une lettre et se pose tranquillement dans un lit et… meurt. Puis sur une page nous voyons une case de chacun des 12 derniers jours avec un moment clé pour arriver sur le 1er jour. En 7 pages, on comprend de suite où l’auteur veut nous amener, 12 chapitres, 12 jours où Chance enquêtera sur sa propre mort. La suite du chapitre nous fait découvrir ce qui va le condamner. Christophe Chance a pris le rôle de Lex Luthor pour “tanker” un attentat sauf que pendant cette prise de rôle, la cible humaine a ingéré un poison indétectable qui ciblait Luthor et en plus décorrélé de l’attentat en question… Ainsi, il ne reste plus que 12 jours à Chance et ce dernier va s’efforcer à rechercher le coupable tout en se dirigeant lentement et sûrement vers la mort.

Voici ici un sacré polar que nous livrent les 2 auteurs. Le schéma est pourtant assez classique, si on met de côté la mort programmée du héros, c’est une enquête qui va voir l’arrivée d’une femme fatale et ce duo mènera donc l’enquête.

Deux points sont très intéressants, d’une part, on apprend très vite que le coupable est issu d’une équipe iconique de DC Comics et donc on découvre chaque membre qui fait avancer l’enquête à sa manière avec les surprises que chacun amène, d’autre part, il y a cette romance entre Chance et cette fameuse protagoniste que l’on suit tout au long de l’enquête qui donne beaucoup d’humanité à la cible humaine cédant à ses pulsions, ce qui va le mener à de drôles de situations et… actes.

Cela dit, le héros reste un excellent enquêteur et malgré sa fatalité, l’homme va aller au bout de son investigation et le résultat est plus ou moins surprenant. Ce qui est grisant, c’est surtout l’introspection du personnage et le chemin qui va le conduire aux différentes révélations.

Comme souvent avec ses récits, Tom King pousse le potar de la figure du super héros et la rend toujours moins parfaite ou plus… humaine. Car le fond de l’affaire puise dans nos pires sentiments de manière très réaliste : l’ensemble paraît tout à fait plausible et c’est ce qui rend ce récit remarquable… Cela dit les conséquences sont telles que ce récit ne peut être dans la continuité, et c’est bien dommage car ces dernières n’auront pas la portée qu’elles méritent… C’est souvent ce qui est le plus frustrant avec la collection Black Label, des grandes idées mais si ça ne laisse pas de trace au final… Ça reste anecdotique.

J’ai aussi énormément aimé le travail de Greg Smallwood, où son style crayonné gras sans encrage et les couleurs pastelles amènent une vraie originalité au genre. Généralement, on pense à des illustrations en noir et blanc avec un encrage dur mais le ton visuel est plutôt guilleret où les couleurs et le ton font plus penser aux illustrations de pinup et à la romance. D’ailleurs, le style des femmes me rappelle furieusement le strip Carol Day, qui est un vieux soap anglais et sûrement pas un hasard. Les visages et les surtout les yeux dessinés par l’artiste sont fantastiques et ses femmes sous son crayon pourraient faire chavirer n’importe quel homme.

Le duo d’auteur nous rend donc un superbe travail offrant encore une fois un grand récit au “human target” !