Real politik

Jean-Yves Delitte a, dans cet opus de la série des grandes batailles navales, laissé le crayon et les pinceaux à un autre dessinateur. Le dessin est certes précis, sur une mise en page classique et des couleurs de nature marine qui sont dans la continuité de qualité attendue ; Pourtant, dans l’extrême précision du trait, dans les temps forts, de mer en furie ou de vie à bords, on ne sent pas ou beaucoup moins, la force des éléments et les tensions que la densité d’hommes vivant dans des conditions extrêmes sur un navire de taille malgré tout réduite, fait peser sur tout l’équipage.

La BD est néanmoins de qualité, avec une histoire structurée autour de quatre hommes. Le contexte historique est le suivant : en 1851, la France, devenue une république, demande l’administration exclusive des lieux saints de l’empire Ottoman. La démarche ulcère les Russes orthodoxes. S’ensuivent des remous diplomatiques à la suite desquels la France et l’Angleterre poussent les Ottomans à déclarer la guerre, le 4 octobre 1853, à la Russie. Ce contexte, indispensable à la compréhension de la BD, est très bien expliqué dans le cahier de fin.

Deux lieutenants russes de petite noblesse (le récit se déroule vers 1853 alors que le tsar Nicolas 1ier est à la tête de la Russie) affectés à la marine, se trouve en fait en poste dans une forteresse qui tombe trop rapidement aux mains de l’ennemi. Dans leur retraite vers la Russie, ils croisent des vaisseaux russes en route pour attaquer la ville et la rade de Sinope. D’un autre côté, deux marins gradés, l’un français et l’autre anglais, sont engagés, en tant qu’observateurs, auprès de la marine Ottomane. C’est à Sinope que tout se joue., la fin d’un sentiment de l’empire Ottoman déclinant et peut-être l’entrée en guerre de la France et de l’Angleterre à leur côté.

Un récit à hauteur d’homme pour décrire les enjeux politiques majeurs de cette bataille, qui sera le déclencheur de la guerre de Crimée (1853-1856).