"Un bon début": c'est ce qu'il ressort de la lecture de ce premier tome de Karneval! La première partie du tome se veut pourtant relativement mollassonne, malgré paradoxalement une entrée en matière directe et pleine d'action. C'est peut-être tout le problème d'ailleurs: le lecteur se retrouve parachuté dans un univers qu'il ne connaît pas, et découvre un jeune garçon, Nai, se faisant capturer par une femme capable de se transformer en monstre; puis sauver par Gareki, un voleur qui passait par là. Tout cela en à peine vingt pages. Mais Nai est d'une naïveté navrante et attire les problèmes comme une tartine de confiture allèche les fourmis, et trouvera successivement moyen de se retrouver impliqué dans une affaire de meurtre, puis de détournement de train. Ces évènements sont surtout l'occasion de faire enfin connaissance avec les héros, leurs compétences et leur personnalité; et d'en introduire d'autres. On comprend rapidement et en même temps que les personnes qui l'entourent que Nai n'est pas un gamin ordinaire, et peu à peu, le fil rouge de l'histoire se dévoile tout en apportant une bonne dose de questions supplémentaires. Du classique , sauf que... ... C'est une sacrée surprise qui attend le lecteur de ce côté-là. La mise en scène se veut un peu confuse dans les scènes d'action, et la narration est dans un premier temps tout sauf exemplaire. Il n'est pas rare d'avoir le sentiment d'avoir loupé quelque chose, et l'on passe parfois sans transition d'un personnage à l'autre. Les nombreux gags ne sont pas vraiment amusants et auraient même tendance à fusiller l'ambiance. Globalement, l'ensemble paraît un peu maladroit... alors quand les choses commencent à se décanter, le scénario à se dessiner, la narration à devenir plus fluide, la lecture devient réellement plaisante. Et que dire de cette véritable claque des toutes dernières pages, faisant appel à un détail sans importance des chapitres précédents? Là, on n'a qu'une chose à dire à Touya Mikanagi: c'est rudement bien joué! Et cela n'augure que du bon pour la suite. Graphiquement, Karneval est plutôt bien dessiné, même si le trait de l'auteure, par ailleurs très fin, n'a rien d'original et se situe dans la lignée des "shônen girl" actuels, avec une bonne dose de bishônens agréables à regarder, le classieux Gareki en tête. Les tenues volantées de certains personnages féminins sont très belles, et l'on espère en voir davantage très rapidement. Les décors quand à eux, se font bien trop rares, et l'on devine plus que l'on ne voit le côté baroque du titre. C'est dommage, car l'on sent un bon potentiel de ce côté-là. Seules les scènes d'action ne sont pour le moment pas terribles, avec les pouvoirs des adversaires très mal mis en valeur, même si il existe bien pire à ce niveau. L'atmosphère du titre justement, a un petit quelque chose d'accrocheur, comme le passage de la procession nocturne qui est vraiment magique. La foule, les lumières, les costumes... On brûle d'envie de découvrir davantage le monde de Karneval. Des petits détails comme ça, ou comme ces moutons étranges qui gardent le vaisseau, donnent vie à l'oeuvre. Au final, même si Karneval est classé shônen et se veut "mixte", le public visé est indubitablement féminin. Sous réserve d'être sensible au mélange, l'envie de poursuivre le voyage en compagnie de Nai et Gareki est garantie (surtout avec ce cliffhanger final!). Si la mise en place des bases du manga se veut lente, le potentiel est là, et l'on aimerait beaucoup voir Gareki exploiter ses connaissances en matière d'explosifs! Du côté de l'édition de Ki-oon, c'est une fois de plus un sans-faute avec un papier de bonne qualité, une impression impeccable, des bonus purement fan-service sous la jaquette et zéro coquille. (Et le livre sent bon.)