C'est bel et bien une habitude désormais pour Karneval d'offrir un début de tome peu palpitant et une seconde partie nettement plus passionnante. De façon logique, le premier tiers du tome est consacré à la conclusion de l'histoire annexe entamée dans le tome 2. Souffrant à nouveau de quelques raccourcis dans la narration empêchant la lecture d'être fluide, les rebondissements ne sont guère intéressants et ultra-classiques, et l'on peine vraiment à ressentir le côté dramatique de la chose. Puis c'est un nouveau chapitre "hors-sujet" qui sert de "liaison". Là encore, le propos est franchement creux, mais Touya Mikanagi nous offre à nouveau des planches enchanteresses nous immergeant dans l'ambiance de la fête, et un costume très réussi pour Tsukumo. Le tout ne sert que de prétexte à présenter les pensées de Nai: à son tour, le jeune garçon se pose des questions et se rend compte qu'il évolue. Si l'idée n'est pas mauvaise, on regrettera vraiment que cela soie présenté de manière aussi artificielle, là où l'introspection de Gareki était beaucoup plus naturelle et mieux intégrée. Il faut donc attendre la moitié du tome pour qu'un nouvel arc soie entamé, et pour que la magie de Karneval opère à nouveau. L'auteure expédie ses personnages dans une région glaciale, sous les chutes de neige, et l'ambiance est très agréable. Jolis décors, flocons qui volent, tenues adéquates pour chacun... Le côté "c'était pas prévu comme ça" est réussi et le déroulement des évènements semble très naturel. Mystérieux adversaires, utilisation des compétences de chacun, étranges découvertes, séparation du groupe et combat nerveux et lisible: tout ce que l'on aime dans cette série répond présent, jusqu'à un cliffhanger final certes classique, mais qui donne méchamment envie de lire la suite. Ce troisième volume de Karneval parvient sans mal à confirmer les qualités de la série. Sans être extraordinaire, elle se montre accrocheuse, grâce à ses personnages attachants et ses petites étrangetés comme le lapin-robot. Mais les défauts sont malheureusement toujours les mêmes: ces passages assommants dans les hautes sphères de Circus et qui n'apportent rien, ces coups de mou dans le récit, ce monde dont on se sait rien... et un fil rouge qui n'avance pas. Comme si l'auteure avait oublié Karoku le temps d'un volume. Même si pour cette fois, on lui pardonnera facilement, grâce à ce voyage dans la neige vraiment plaisant. Au final, c'est toujours la même rengaine: ceux qui adhèrent trouveront la lecture vraiment sympathique, les autres n'y trouveront aucun intérêt. L'édition par Ki-oon est une fois de plus impeccable, tant au niveau de l'impression que du grammage du papier, et inclus bonus sous la jaquette et illustration couleur.