Déjà la fin. Après deux tomes absolument géniaux, les attentes pour la suite et fin de L'île infernale étaient placées très haut. Alors, pari gagné pour Yusuke Ochiai? N'y allons pas par quatre chemins: OUI! L'auteur parvient une fois de plus à dérouter complètement son lecteur. Et si ce qu'il croyait savoir, ou pensait avoir deviné, n'était pas complètement vrai ou plutôt habilement tourné pour l'avoir induit en erreur pendant tout ce temps? Et si depuis le départ, le point de vue proposé au lecteur n'était pas entièrement celui d'Ei, mais bien ce que Yusuke Ochiai voulait bien nous montrer? Et si le héros lui-même en savait bien plus que ce qu'il n'en disait, ce dont on se doutait un peu, mais pas à ce point-là? Ce coup de maître, c'est ce que l'auteur parvient ici à faire, même si certaines suppositions s'avèreront tout de même exactes, d'autres certitudes pourtant établies depuis le tout début voleront en éclats. On se doutait pourtant que tout celà était un peu trop simpliste, vu le reste du scénario. Toujours aussi bien rythmé et maîtrisé, le récit nous emmène jusqu'à un final haletant, que j'ai ressenti comme étant doux-amer. Un régal, jusqu'aux toutes dernières pages. L'action est ici beaucoup moins présente, et l'on est plus proche de la course contre la montre qu'autre chose, en passant par des éclaircissements sur absolument toutes les zones d'ombre, avec toujours une mise en scène exemplaire, presque cinématographique. L'occasion d'approfondir de façon très bien intégrée les protagonistes du récit, ou plutôt les trois principaux, à savoir Ei, Sakaki et la petite Ichi, rendus tous les trois plus crédibles et intéressants que jamais. Et c'est bien là le seul problème. Si l'évolution vis à vis de la simple idée de vengeance de base est une bonne idée, introduire des personnages inconnus à ce stade du récit, que l'on survolera à peine, n'aide pas vraiment à nous faire ressentir leur implication dans l'histoire, alors que c'est pourtant d'eux que tout est parti. Et quid de Kôzuma, complètement délaissé par l'auteur, dans tous les sens du terme? Pourquoi l'avoir autant mis en avant dans le premier tome s'il n'avait en fin de compte pas le moindre rôle à jouer, hormis celui de faire-valoir vaguement comique? Le personnage méritait mieux. C'est tout ce qu'il y a à redire. Graphiquement, c'est toujours aussi chouette, avec ce mix de cases "au propre", de décors où les traits de pinceau sont apparents, et de planches volontairement plus brutes, toujours au service de la mise en scène. Aussi agréable à regarder qu'efficace et unique. Définitivement une très bonne série qui gagne à être découverte, portée par un anti-héros très travaillé, torturé... et décidément, sacrément agréable à regarder ;)