Derrière ces dessins enfantins où chaque personnage ressemble à un animal, vous découvrirez un album fort intéressant qui vous contera avec originalité, un pan de l'histoire du Japon. La première chose qui frappe le lecteur a première vue, c'est le graphisme. Arrondi, animalier, ce titre semble cibler les jeunes enfants. Quelle erreur ! Ne vous laissez pas berner par l'apparence, car le contenu est résolument à destination des adultes, à ceux qui souhaitent en savoir davantage sur les querelles des divers clans de cette ténébreuse époque. Le fait de dessiner ses personnages sous forme animale est assez étonnant. Mais au final ce choix s'avère judicieux. Pourquoi ? D'une part, il est plus aisé pour le lecteur d'identifier les très nombreux protagonistes et d'autre part, les événements relatés sont pour la plupart assez sombres et pour adultes (guerres, manipulations, sexe etc). Cela permet de contraster cet état de fait. Autre élément facilitant l'identification des héros de Monogatari, les noms francisés. Ici pas de Shizuku, de Tetsunosuke ni de Koichi, mais des sobriquets simples, faciles à retenir et parfois même originaux, comme : Brasier Ambitieux, Loyauté Absolue ou Pic Ardent. Bien que l'auteur nous aide a mémoriser les divers interlocuteurs par un graphisme ludique et des noms "français", il est quand même important de préciser qu'il y a vraiment beaucoup de monde ! Cet album de 126 pages est composé de pas moins de 60 individus ! Je vous conseille de toujours gardé un doigt sur la double page de présentation des personnages, cela vous facilitera la tâche. Côté scénario, le récit est riche. Alexandre Akirakuma/Langlois nous offre une aventure épique au cœur des complots de la cour impériale. Il se passe de nombreuses choses intéressantes, et c'est un véritable plaisir de suivre les coups bas de chaque clan, de chaque personnage, afin de voir qui s'appropriera la gouvernance du Monde sous le Ciel. Les moyens pour arriver à ce but sont loin d'être nobles (c'est le moins que l'on puisse dire !), ce qui éveille chez le lecteur, une curiosité mélangée à une pointe de sadisme qui rend la lecture attractive. Bien que l'on s'accroche rapidement à l'histoire contée, il y a beaucoup trop d'informations à assimiler, ce qui peut rendre la lecture confuse par moment. Peut-être aurait-il été plus judicieux de développer les diverses intrigues sur davantage de pages ? On notera que dans cette fourmilière, deux jeunes enfants sortent du lot, Pétale Matinale et Nuage Pourpre, du fait de leur adoption auprès d'un des clans. Bien mis en avant au début de l'histoire, l'auteur n'a d'autre choix que de les mettre de côté pendant un certain temps, afin d'introduire d'autres protagonistes. On regrettera leur "abandon" pendant de trop nombreuses pages. Néanmoins, en fin de récit, les enfants reviennent sur le devant de la scène pour un final grandiose. En bref, Monogatari est un volume unique bien sympathique qui réveille notre humour noir, tout en nous dévoilant une partie de l'histoire du Japon, à l'ère Edo. Une façon ludique de découvrir un morceau d'Histoire. Avec un graphisme aussi particulier, Alexandre Akirakuma/Langlois fait résonner l'expression : "L'habit ne fait pas le moine". Ne bloquez pas sur la forme et découvrez le fond, vous en ressortirez enrichi et ravi.