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Critique de Britannia #1

par bulgroz le jeu. 10 mai 2018 Staff

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L’intrigue de Britannia prend place en l’an 65 de notre ère, l’Empire romain est alors pour trois années encore, aux mains de l’empereur Néron, pas franchement connu pour être un grand démocrate… Depuis Auguste, Rome règne alors sur un territoire consolidé, relativement pacifié par la Pax Romana, mais l’extension de l’Empire se poursuit vers le Nord, dans l'actuelle Angleterre. La conquête de la Bretagne, achevée plus tard au Nord par la construction du mur d’Hadrien, ne fut pas aisée et elle est le sujet de nombreux fantasmes, comme en témoignent moults navets cinématographiques tels que La dernière légion, Centurion, L’Aigle de la neuvième légion et pas mal d’autres trucs reléguant éternellement la culture celte à la barbarie et les Romains au rang de héros sacrifiés contre elle. Ce premier tome de Britannia échappe largement au statut de navet (même s’il n’est pas sans reproches), porté par un tandem alléchant : Peter Milligan et Juan José Ryp. Antonius Axia est un soldat de l’armée romaine et héros de guerre (presque) sans attachement, c’est pout ces raisons qu’il est choisi par Néron et les prêtresses de Vesta pour aller mener une enquête aux confins de l’Empire : Rome a eu vent d’événements étranges dans la province de Britannia, et les soldats en poste pourraient bien être menacés. Préparé par les Vestales et mandaté par Néron, Antonius (accompagné de son fidèle acolyte-esclave) se rend sur place et mène une enquête qui le plongera dans la folie, l’horreur et le surnaturel. Britannia est un récit totalement indépendant de l’univers Valiant, il nous propose donc une enquête surnaturelle dans un contexte historique, un fait assez rare dans le monde des comics et franchement, c’est rafraîchissant ! Le dessinateur Juan José Ryp parvient avec brio à mélanger des éléments d’inspiration franco-belge assez claire, à d’autres bien plus anglo-saxons. Pour une histoire de confrontation entre Rome et la Bretagne, c’est plutôt bien vu ! L’auteur prend manifestement un malin plaisir à composer des scènes violentes, comme il excelle dans l’expression de la folie, de la terreur ou de la rage. Son trait est fin, précis et le soin porté au respect des proportions anatomiques est total (sûrement dû à son cursus de « dessinateur érotique »). La colorisation est, elle aussi en deux parties : claire et lumineuse lorsque l’action se déroule à Rome, obscure et brumeuse pour la Bretagne. Dans les deux cas le rouge sang et la folie sont présents… En bref, la forme est en totale cohérence avec le fond ; ce qui en fait pour moi l’un des éléments de la réussite de ce premier tome. L’intérêt du scénario ne réside pour moi, pas dans son premier niveau de lecture. Si l’on s’en contente, nous lisons ici une histoire d’enquête surnaturelle menée par un personnage archétypal : le beau gosse badass doté de talents de d(s)éduction à faire pâlir d’envie le Sherlock Holmes de Guy Ritchie, secondé par un sidekick assez artificiel. Les personnages secondaires manquent tous un peu d’envergure et le tout est assez caricatural. Ce genre d'histoires nous est en effet proposé en long en large et en travers depuis quelques années, avec le revival dont bénéficie Lovecraft en BD (pour le meilleur et pour le pire). Mais ce que nous propose Peter Milligan, c’est surtout un traitement de la confrontation entre des cultures et des religions : à ma droite, celle de l’Empire romain, fondamentalement urbaine, sexy et couchée sur le papier ; à ma gauche, celle des Celtes est occulte, cauchemardesque et portée par les démons. On ne peut s’empêcher de voir poindre une critique de l’impérialisme (terme utilisé un peu anachroniquement par les Bretons à de nombreuses reprises), désireux de dominer les territoires autant que les esprits, sans chercher à comprendre les cultures ancestrales locales. Cette critique étant évidemment transposable à notre époque… Cependant, c’est une fois de plus assez maladroit. Les Bretons sont paradoxalement très absents du récit, et la vision qui nous en est donnée n’est franchement pas à leur avantage (les Romains non plus, cela dit). Une fois de plus, tous les fantasmes sont tournés vers la figure du druide. Ce premier tome de Britannia contient les quatre épisodes d’une histoire indépendante, il devrait être bientôt suivi du deuxième et dernier tome édité par Bliss. C’est pour moi un vrai plaisir de lire ce genre de récit, tranchant avec l’univers Valiant (duquel il est d’ailleurs complètement coupé), et avec les comics en général. Les quelques critiques que je peux faire concernant les partis pris scénaristiques n’enlèvent rien à la qualité de l’œuvre : c’est une bande dessinée cohérente, originale et par bien des aspects, composite. J’attends le deuxième tome avec impatience, je sais d’avance que, comme le premier, je le lirai d’une traite !

En bref

L’intrigue de Britannia prend place en l’an 65 de notre ère, l’Empire romain est alors pour trois années encore, aux mains de l’empereur Néron, pas franchement connu pour être un grand démocrate… Depuis Auguste, Rome règne alors sur un territoire consolidé, relativement pacifié par la Pax Romana, mais l’extension de l’Empire se poursuit vers le Nord, dans l'actuelle Angleterre. La conquête de la Bretagne, achevée au Nord par la construction du mur d’Hadrien, ne fut pas aisée et elle est le sujet de nombreux fantasmes, comme en témoignent moults navets cinématographiques tels que La dernière légion, Centurion, L’Aigle de la neuvième légion et pas mal d’autres trucs reléguant éternellement la culture celte à la barbarie. Ce premier tome de Britannia échappe largement au statut de navet (même s’il n’est pas sans reproches), porté par un tandem alléchant : Peter Milligan et Juan José Ryp. Antonius Axia est un soldat de l’armée romaine et héros de guerre (presque) sans attachement, c’est pout ces raisons qu’il est choisi par Néron et les prêtresses de Vesta pour aller mener une enquête aux confins de l’Empire : Rome a eu vent d’événements étranges dans la province de Britannia, et les soldats en poste pourraient bien être menacés. Préparé par les Vestales et mandaté par Néron, Antonius (accompagné de son fidèle acolyte-esclave) se rend sur place et mène une enquête qui le plongera dans la folie, l’horreur et le surnaturel. Britannia est un récit totalement indépendant de l’univers Valiant, il nous propose donc une enquête surnaturelle dans un contexte historique, un fait assez rare dans le monde des comics et franchement, c’est rafraîchissant ! Le dessinateur Juan José Ryp parvient avec brio à mélanger des éléments d’inspiration franco-belge assez claire, à d’autres bien plus anglo-saxons. Pour une histoire de confrontation entre Rome et la Bretagne, c’est plutôt bien vu ! L’auteur prend manifestement un malin plaisir à composer des scènes violentes, comme il excelle dans l’expression de la folie, de la terreur ou de la rage. Son trait est fin, précis et le soin porté au respect des proportions anatomiques est total (sûrement dû à son cursus de « dessinateur érotique »). La colorisation est, elle aussi en deux parties : claire et lumineuse lorsque l’action se déroule à Rome, obscure et brumeuse pour la Bretagne. Dans les deux cas le rouge sang et la folie sont présents… En bref, la forme est en totale cohérence avec le fond ; ce qui en fait pour moi l’un des éléments de la réussite de ce premier tome. L’intérêt du scénario ne réside pour moi, pas dans son premier niveau de lecture. Si l’on s’en contente, nous lisons ici une histoire d’enquête surnaturelle menée par un personnage archétypal : le beau gosse badass doté de talents de d(s)éduction à faire pâlir d’envie le Sherlock Holmes de Guy Ritchie, secondé par un sidekick assez artificiel. Les personnages secondaires manquent tous un peu d’envergure et le tout est assez caricatural. Ce genre d'histoires nous est en effet proposé en long en large et en travers depuis quelques années, avec le revival dont bénéficie Lovecraft en BD (pour le meilleur et pour le pire). Mais ce que nous propose Peter Milligan, c’est surtout un traitement de la confrontation entre des cultures et des religions : à ma droite, celle de l’Empire romain, fondamentalement urbaine, sexy et couchée sur le papier ; à ma gauche, celle des Celtes est occulte, cauchemardesque et portée par les démons. On ne peut s’empêcher de voir poindre une critique de l’impérialisme (terme utilisé un peu anachroniquement par les Bretons à de nombreuses reprises), désireux de dominer les territoires autant que les esprits, sans chercher à comprendre les cultures ancestrales locales. Cette critique étant évidemment transposable à notre époque… Cependant, c’est une fois de plus assez maladroit. Les Bretons sont paradoxalement très absents du récit, et la vision qui nous en est donnée n’est franchement pas à leur avantage (les Romains non plus, cela dit). Une fois de plus, tous les fantasmes sont tournés vers la figure du druide. Ce premier tome de Britannia contient les quatre épisodes d’une histoire indépendante, il devrait être bientôt suivi du deuxième et dernier tome édité par Bliss. C’est pour moi un vrai plaisir de lire ce genre de récit, tranchant avec l’univers Valiant (duquel il est d’ailleurs complètement coupé), et avec les comics en général. Les quelques critiques que je peux faire concernant les partis pris scénaristiques n’enlèvent rien à la qualité de l’œuvre : c’est une bande dessinée cohérente, originale et par bien des aspects, composite. J’attends le deuxième tome avec impatience, je sais d’avance que, comme le premier, je le lirai d’une traite !

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