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Critique de GTO

par Sciaphile le lun. 25 mai 1970

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Après avoir lu la critique de Jo Pae sur GTO, je l'ai trouvé un peu injuste. Alors je vais essayer de rétablir la balance. Il est vrai que le scénario n'est pas le point fort de la série et que parfois on aimerait bien déceler chez Eikichi Onizuka des objectifs à long terme autres que : devenir le plus "Great Teacher" du Japon, bref on aimerait entrevoir un fil conducteur. Mais à bien y réfléchir, je me demande si nous ne perdrions pas peu à peu de cet humour et de ce charisme propre au personnage d'Onizuka. Car si l'on analyse un peu le titre (éponyme !) de la série "Great Teacher Onizuka", on s'aperçoit que l'auteur ne prétend pas à une histoire super complexe juste à un récit centré sur un personnage. Et je ne crois pas que ce personnage serait aussi charismatique s'il nous dévoilait à l'avance ces intentions. Car l'atout majeur de GTO, ce qui fait tout son attrait, c'est bien ce côté mystérieux et imprévisible de Eikichi. Un scénario ajouterais certes un peu de rigueur à tout cela (et ce ne serait pas forcément déplaisant) mais ferait inévitablement perdre une bonne grosse dose d’humour. Au début, lorsque j’ai découvert GTO, je n’ai pas accroché du tout. J’étais tombé sur un tome dans une librairie et je l’ai feuilleté. A ce moment là, j’ai trouvé GTO un peu trop scabreux à mon goût. Et puis je me suis lancé dans la lecture des premiers tomes et j’ai été conquis. Les deux premiers tomes étaient sympathiques mais ne décollait pas vraiment. Mais à la fin du deuxième tome, ce fut le flash. J’étais bidonné et ce rire ne s’est tut qu’avec la fin du cinquième tome (je n’avais pas les suivants). Alors je me suis demandé d’où pouvait provenir un tel écart entre ma première impression et cette deuxième découverte ! J’ai réfléchi et j’ai compris : le secret de GTO, c’est la narration. J’aime les scénarii bien ficelés, ceux qui vous mettent le ravioli en ébullition et, ne connaissant pas du tout GTO, je m’attendais à ceci en feuilletant mon premier tome. Erreur, tout le ressort de GTO tient dans sa temporalité : la successivité des événements présents. C’est justement la succession de petite scénette qui permet d’exploiter au mieux tout le tragi-comique du destin qui, tour à tour, s’acharne sur tel personnage ou le tire des pires situations. Mais ce n’est pas tout, la narration de GTO, ne tient pas uniquement dans un bon découpage temporel et rythmique, elle tient aussi dans un sens inné du gag. Le comique de GTO doit beaucoup à son traitement visuel, à ses cadrages en grande partie, et à son dessin. C’est enfin le deuxième et dernier point sur lequel je ne suis pas d’accord avec Jo Pae. Il est vrai que les dessins sont le plus souvent banals et que certains personnages sont difficiles à différencier les uns des autres. Mais ce serait une erreur de croire qu’il s’agit là d’un manque de talent. Premièrement, parce que Tôru Fujisawa nous montre à mainte reprise qu’il maîtrise énormément de styles graphiques différents et qu’il est capable de nous proposer de bien belles pages. Deuxièmement, parce que le découpage en scénette est suffisant à la distinction des personnages. Chaque scénette étant centrée sur quelques protagonistes que l’on ne retrouvera peut-être qu’occasionnellement, leur dénomination suffit à leur identification. Ainsi en insistant plus sur une identification nominative que visuelle, l’auteur peut indifférencier certains personnages de second plans pour mettre en avant les principaux, personnages qui pourront à leur tour subir le même traitement dans d’autres scénettes où leur rôle sera secondaire. Je terminerais en disant que GTO, c’est un peu comme du Chaplin : pas mal de caricature et de burlesque entrecoupé de véritable moment de finesse et de justesse dans la représentation mimétique de nos sentiments. Maintenant, si vous n’êtes pas convaincu de mon analyse, je vous conseille de vous arrêter sur trois passages en particulier (excusez moi si les n° de tome ne sont pas les bons) : au tome 2, le passage où Eikichi fait demi-tour en camion sur l’autoroute et passe par de toutes petites rues (pour le dessin assez détaillé et pour la narration digne des plus grands anime), au tome 2, le passage où Eikichi obtient son diplôme et le montre à sa collègue (pour les cadrages et le traitement narratif et visuel extrêmement comique), enfin au tome 4 (je crois !), le passage où Eikichi joue dans la salle d’arcade avec l’élève bizut (pour la justesse de la psychologie des personnages).

Sciaphile

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