7

Critique de King Spawn #5

par Ben-Wawe le mer. 19 mars 2025 Staff

Rédiger une critique
Une intrigue qui se confirme et des introspections classiques mais efficaces dans un road-trip infernal lent mais prenant

Delcourt propose la suite de la série King Spawn, grande série régulière connexe au titre principal et pilier d'Image Comics, en tissant une intrigue personnelle et autonome (quoique cela se débat, et l'on y reviendra). Jusqu'ici, les retours de lectures étaient irréguliers, avec un premier bon tome (cliquer sur le lien ici), une suite bien plus faible (cliquer sur le lien ici), un troisième meilleur (cliquer sur le lien ici) et un quatrième agréable (cliquer sur le lien ici).
La qualité s'équilibre ainsi, alors que la série perd son co-scénariste Sean Lewis, avec Todd McFarlane en seul maître à bord du scénario – comme dans beaucoup d'autres titres de son univers. Ces dernières années ont ainsi vu un boom des séries dérivées de Spawn, avec le grand Todd aux commandes quasiment partout, et ici aussi donc. On peut le ressentir sur des tics d'écriture que l'on retrouve çà et là, et qui sont néanmoins agréables pour le fan de la franchise, bien que King Spawn prenne désormais un tournant classique dans la forme et un peu le fond de l'univers.

Mais de quoi parle King Spawn Tome 5 ?
Al Simmons a utilisé ses pouvoirs pour fermer les Zones Aveugles, qui permettent de voyager en Enfer et au Paradis, isolant la Terre mais aussi leurs agents qui y sont présents. Les volumes précédents l'ont montré affronter divers agents de chaque camp, qui manipulaient pour le pousser à s'emparer du Trône Infernal, vacant après son assassinat de Malebolgia.
Le précédent tome s'est terminé sur la révélation de deux retours majeurs. D'une part, le mystérieux Cogliostro, précédent mentor d'Al, est revenu à la vie, bien plus fort mais aussi déterminé à s'emparer du Trône Infernal. De l'autre, le Clown revient dans la partie – mais uniquement sous forme humaine, car il est détaché de la part démoniaque du Violator. Le Clown confronte et provoque ici Al et ses alliés qui ont mis à mal l'abominable Fondation Exodus aux pratiques horrifiques.
Le Clown propose en effet un accord à Spawn : s'allier contre Cogliostro, permettre au Clown de prendre le Trône Infernal... et protéger la Terre, jusqu'à leur confrontation inévitable. Bien sûr, Al goûte peu le retour de celui qui a tué son ex-femme Wanda – puis entame une violente vendetta dans les divers bas-fonds infernaux et paradisiaques sur Terre, afin de forcer un mystérieux troisième camp à l'envoyer en Enfer.
Spawn est bien décidé à trancher le sort du Trône Infernal, et débute un voyage de tous les dangers sur les plans physique et psychologique...

On le comprend, King Spawn retrouve pleinement des pratiques et modes d'écriture classiques de Todd McFarlane. La participation de Sean Lewis modifiait en effet l'approche globale du titre, avec une forme de narration qui changeait quelque peu et permettait de se différencier des autres séries de l'univers Spawn.
Ici, il est agréable de retrouver les tics d'écriture de Todd McFarlane, car ceux-ci sont bien réalisés et fonctionnent notamment pour les fans de la série de base. La confrontation avec le Clown fonctionne via des annonces brutales de l'adversaire et des pensées sombres d'Al Simmons, avec ensuite une énorme explosion de violence mutique, et enfin un road-trip infernal où Spawn est littéralement confronté à lui-même. A ses doutes, ses peurs, ses espoirs, ses drames et ses non-dits, plus ou moins illustrés devant lui.
Néanmoins, l'on peut aussi regretter la disparition d'une voix spécifique pour King Spawn, qui différait jusque-là des autres et rentre quelque peu dans la masse, dans le rang.

C'est également le cas concernant le fond de l'intrigue, au moins sur ses acteurs. Le titre s'évertuait à ramener des têtes certes connues mais anciennes, en jouant avec les alliances et les révélations, comme souvent.
Ici, avec le Clown et Cogliostro, l'effet de choc fonctionne extrêmement bien... mais les personnages sont très connus, et leur présence ne surprend pas réellement par leurs rôles ici. Idem pour celle qui accompagne Spawn en Enfer, qui permet certes de très beaux et justes moments, mais n'est pas en soi une surprise pour un tel moment personnel d'Al Simmons.

Ces éléments ne sont néanmoins pas à charge. Il faut les préciser, car King Spawn passe ici un tournant, mais la série demeure spécifique et spéciale, centrée essentiellement autour du Trône Infernal, et elle remplit très bien sa mission.
Elle fonctionne même bien avec les autres séries de l'univers, en bonus. Le lecteur qui ne lit que ce seul titre n'est pas perdu, et comprend pleinement la lutte pour le Pouvoir en Enfer. Mais le lecteur qui suit les autres séries peut faire le lien avec d'autres événements, dont la montée en puissance de Cogliostro en s'emparant des pouvoirs d'autres Spawns, l'affaiblissement de la fermeture des Zones Aveugles et une opération de conquête particulièrement brutale en Enfer.
Todd McFarlane jongle ainsi avec ses séries, ses personnages, ses propos pour former un grand tout, passionnant à lire dans l'ensemble, mais avec des intrigues autonomes et réussies dans chaque titre.

Cela offre ainsi une lecture agréable, prenante, bien menée et réconfortante, car elle reprend les tics plaisants de l'écriture de Todd McFarlane.
En parallèle, Javi Fernandez et Kevin Keane illustrent l'ensemble fort efficacement. Les deux dessinateurs s'alternent et leurs styles se correspondent, avec de fort jolies ambiances et des personnages très bien croqués et animés. Ils réussissent autant à donner du dynamisme à un dialogue intense mais figé, et à des phases d'introspection personnelle au sein des Enfers, tout en gérant plutôt bien les phases d'action, même si elles sont les passages les plus faibles.
La prestation graphique est néanmoins bien réussie, et apporte beaucoup à l'atmosphère âpre et intense qui sied si bien au propos de Todd McFarlane.

En bref

King Spawn Tome 5 est une bonne lecture, en elle-même et surtout pour les fans de Spawn. Todd McFarlane est seul scénariste désormais, et utilise ses tics d'écriture qui ont fait leurs preuves et livrent de beaux moments, fort bien illustrés par un bon duo de dessinateurs. L'intrigue avance efficacement malgré une certaine lenteur, permettant de bonnes introspections... même si le titre adopte un certain classicisme dans le fond et la forme au sein de l'univers Spawn, alors qu'il avait une voix spécifique au préalable. C'est en effet moins original qu'avant – mais bien bon à lire !

7
Positif

La réussite de l'écriture de Todd McFarlane.

Un graphisme réussi pour des ambiances bien réalisées et prenantes.

Une intrigue assumée, qui avance et s'intensifie.

Negatif

Le départ du co-scénariste Sean Lewis acte la fin d'une voix dissonante dans l'écriture d'un titre Spawn.

Un certain manque d'originalité dans les acteurs principaux de la lutte pour le Trône Infernal.

Une lenteur pas désagréable, mais qui alourdit quelque peu la lecture.

Ben-Wawe Suivre Ben-Wawe Toutes ses critiques (97)
Autres critiques de King Spawn
Boutique en ligne
17,50€
Boutique en ligne
17,50€
Boutique en ligne
17,50€
Boutique en ligne
17,50€
Laissez un commentaire
Commentaires (0)