Retour vers le passé : King Kong (1933)

 

REALISATEURS

Merian C.Cooper et Ernest B. Schoedsack

SCENARISTES

James Creelman et Ruth Rose, d’après une idée de Merian C. Cooper et Edgar Wallace

DISTRIBUTION

Fay Wray, Robert Armstrong, Bruce Cabot, Frank Reicher…

INFOS

Long métrage américain
Genre : aventures/fantastique
Année de production : 1933

King Kong, l’un des plus grands chefs d’oeuvre du cinéma fantastique (et même du cinéma en général), est l’oeuvre de deux authentiques aventuriers. Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack se sont rencontrés pendant la Première Guerre Mondiale, mais ce n’est pas avant la fin d’un autre conflit (Cooper fut l’un des principaux membres d’un escadron qui a apporté son soutien à l’armée polonaise dans la guerre russo-polonaise entre 1919 et 1921) que les deux hommes ont commencé à sillonner le monde ensemble. Leurs premiers longs métrages datent de cette période, des « drames en milieu naturel », des productions en grande partie documentaires mêlant dramatisation et images d’animaux prises dans des conditions extrêmes.

Ainsi, pendant le tournage de Chang (1927) dans la jungle du Siam, l’équipe a failli être écrasée par un troupeau d’éléphants, une charge des pachydermes qui figure dans le résultat final (d’après les infos disponibles sur le net car je ne l’ai pas vu). Cette anecdote rappelle la scène de King Kong dans laquelle le réalisateur Carl Denham (Robert Armstrong) explique à sa nouvelle star Ann Darrow (Fay Wray dans le rôle qui a fait d’elle une icône du genre) pourquoi il est lui-même le chef opérateur de ses films. Tout simplement parce que l’homme qui s’occupait de la caméra dans un de ses précédents documentaires s’est enfui à l’approche d’un tigre, gâchant ce qui aurait pu être une scène superbe. Depuis, Denham s’occupe de tout lui-même. Un fou ? dit le second du bateau…non, un passionné…

 

 

On retrouve donc beaucoup de Merian C. Cooper en Carl Denham. L’idée d’une histoire où un gorille géant dévasterait une grande ville vient de lui. Le développement a pris du temps, surtout en période de grande dépression (un événement qui est en toile de fond du scénario, l’héroïne Ann Darrow étant une victime de cette Crise qui a touché les américains), mais en 1931, Cooper a pu convaincre David Selznick, le vice-président de la RKO, d’investir dans le projet. Malgré les difficultés que connaissait le studio, Selznick a accordé sa confiance à Cooper et Schoedsack alors que la production était comparable à nulle autre à l’époque. Et il a visé juste car le succès fut retentissant.

Le tournage principal de King Kong a duré 8 mois, ce qui était énorme en ce début des années 30…tout simplement parce qu’il y avait beaucoup de choses inédites à créer, la part accordée aux effets spéciaux étant extrêmement importante. Le magicien des trucages Willis O’Brien a ainsi pu perfectionner les méthodes employées sur Le Monde Perdu huit ans auparavant, le long métrage de Harry O. Hoyt étant l’une des principales références de King Kong (tout comme la longue nouvelle Au coeur des Ténèbres de Joseph Conrad). Pour les acteurs, il y avait des pauses si importantes qu’ils pouvaient tourner d’autres films entre-temps. Fay Wray a joué dans quatre autres productions pendant celle de King Kong, dont La Chasse du Comte Zaroff des mêmes auteurs !

 

 

Il se dit que Cooper a reçu un peu de pression pour faire apparaître Kong dès le début. Mais il a pu imposer sa vision, élaborant un modèle dont de nombreux films de monstres se sont ensuite inspirés. Le scénario prend d’abord son temps pour établir les personnages et leurs relations avant de faire monter efficacement le suspense lors de l’arrivée sur l’Île du Crane. Cette partie a principalement été dirigée par Ernest B. Schoedsack, le membre du duo qui s’occupait des scènes dialoguées.

Merian C. Cooper s’est réservé les scènes d’action et tout de qui concernait les miniatures et les effets spéciaux…et à partir du moment où Kong apparaît à l’écran (au bout d’environ 40 minutes), c’est un véritable festival. Un plongée dans un monde que le temps a oublié, une gigantesque forêt peuplée de grands monstres et où le danger peut surgir à tout moment. Dès que la chasse commence, le rythme s’accélère et l’intensité ne se relâche que quelques instants, le temps du voyage vers une autre jungle, urbaine cette fois-ci.

 

 

On passe directement du moment où Kong est asphyxié à celui où il est enchaîné sur une plateforme, sur la scène d’un grand théâtre de Broadway. Une grosse ellipse qui n’est franchement pas gênante (on n’expliquait pas tout sur tout en ce temps-là…et la suspension d’incrédulité faisait le reste). Et bien sûr, le grand singe ne reste pas longtemps les fers aux mains…la destruction peut recommencer (c’est que le premier Kong était encore plus sauvage que ceux qui ont suivi, avec des moments assez durs qui n’auraient pas pu être tournés l’année suivante, date de la mise en application du Code Hays), enchaînant les morceaux de bravoure jusqu’au mythique final sur l’Empire State Building qui n’a rien perdu de son côté spectaculaire.

King Kong a rempli les caisses de la RKO, qui a donc répliqué en commandant une suite à Schoedsack et Cooper. Mais la production de Le Fils de Kong fut expédiée en quelques mois (le studio voulait à tout prix le sortir à Noël la même année) et le résultat, même s’il reste assez divertissant, n’a pas eu le même impact que celui de la Huitième Merveille du Monde !

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